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jeudi 30 avril 2020

Mélody écrit...

Extrait prochain roman...
...Près d’elle, il vient s’assoir, lui prend la main et de son air le plus sérieux lui dit doucement :
- Tu m’inquiètes, M’man, tu n’es pas dans ton assiette depuis quelques temps, et ce soir…
- Quoi, ce soir ? questionne-t-elle avec un soupçon d’agressivité.

- Ne fais pas l’ignorante, tu t’es fait une frayeur avec Lucie. Les gens ont dit que vous aviez vu le fantôme d’Albert. Maminette me l’a confirmé, car elle, elle n’a pas peur. Tu fais c’que tu veux, mais tu devrais peut-être en parler au docteur. Et, désolée, M’man, j’aime beaucoup ma grand-mère mais j’ai l’impression qu’elle t’emmène dans sa folie, elle déraille complet.
- Philippe, comment peux-tu parler ainsi !
- M’man, je l’adore, tu sais bien, mais elle n’est plus la même depuis qu’Albert est mort. Et Nathalie, elle fait quoi, là ? Il faudrait qu’elle s’en soucie un peu. Je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose, je n’ai plus que toi, M’man.

Elle se lève, le serre contre elle, les larmes aux yeux, et lui promet de consulter.


De nouveau seule, elle ouvre le placard, furète entre les piles de vêtements, s’allonge au sol pour regarder sous son lit, se glisse derrière les rideaux, et ne trouvant rien de suspect, reste prostrée entre ses draps. Malgré sa lutte pour ne pas s’assoupir, la fatigue gagne, son corps se détend, elle allonge ses jambes au fond du lit et d’un coup, bondit, émettant un hurlement, faisant accourir Philippe. Il la retrouve, tremblante, à terre, les mains brandies vers le pied du lit.
- M’man, que se passe-t-il ?
Ratatinée en fœtus, elle n’émet aucun son, ne regarde pas même son fils, les yeux bloqués vers sa couche. Philippe comprend très vite qu’elle semble effrayée par son paddock, soulève la couette sous laquelle une paire de chaussettes s’est égarée. Il rit, lui lance l’objet de son délire telle une balle et l’invite à se relaxer lui suggérant de laisser sa porte entrouverte. Elle refuse. Bien entendu qu’elle refuse, les aiguilles tournent, dans un quart de tour, le revenant sera de retour, elle appréhende ce moment diabolique qu’elle ne compte certainement pas infliger à son enfant. 


A peine a-t-elle trouvé le courage de fermer les yeux que les murs s’animent, ils pleurent comme un chat que l’on étrangle, de fines gouttelettes ruissèlent et scintillent dans la pénombre jusqu’à former un spectre. Sa voisine s’agite à son tour, proférant des incantations qui lui donnent la chair de poule. La frousse s’empare d’elle, car elle ne rêve pas, l’esprit de son défunt voisin se rapproche, l’œil rouge derrière la vitre transperce le rideau tel un laser. Complètement tétanisée elle tourne ses yeux de droite à gauche, décèle le rire malveillant de Charlotte suivi de grondements atroces qui la torturent davantage. Jeanne ne bouge pas, voudrait crier mais n’y parvient pas, n’a qu’une envie, celle de se sauver de cette pièce mais elle ne sent déjà plus ses jambes. La sorgue est longue, le jour ne point toujours pas, elle pense d’ailleurs qu’elle ne reverra jamais le ciel bleu. Une voix posthume vient lui susurrer à l’oreille : « Je suis là Jeanne, je suis revenu, je suis là Jeanne », un courant d’air vient souffler sur sa nuque et la paralyse. Elle a froid, et jusqu’au matin reste figée les yeux écarquillés. Enfin les rayons du soleil inondent sa chambre et elle s’endort.



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